A Porto-Novo, dans la capitale béninoise s’est ouvert lundi matin le procès ICC Services, du nom de l’affaire d’escroquerie de milliers d’épargnants à hauteur de plus de 250 milliards de Fcfa. Devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), les accusés sont entre autres poursuivis pour association de malfaiteurs, escroquerie avec appel au public et exercice illégal d’activités bancaires et de micro finances. Des anciens ministres et autres personnalités comme Pascal Koupaki, Armand Zinzindohoué et Victor Topanou sont attendus devant la Criet en qualité de sachant et de témoins.
Spoliés, des milliers d’épargnants attendent depuis 8 ans de connaître la vérité sur l’affaire ICC-Services et surtout de rentrer en possession de leurs épargnes. Après la Cour d’Appel de Cotonou, c’est la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) qui reprend le dossier. Mais à la barre ce lundi, les 6 accusés ayant répondu présent nient les faits dont ils sont accusés. Dans sa déposition Guy Akplogan est revenu sur la genèse de l’activité. Tout serait parti d’une rencontre qu’il a eu en décembre 2006 avec des partenaires. A l’issue de cette rencontre, il a été convenu de mettre en place « une structure d’entraide pour nos fidèles ». Plus loin, les accusés avouent avoir tenu plusieurs rencontres à la Présidence de la République en vue de la régularisation de leur activité de collecte d’épargnes. Guy Akpogan affirme aussi avoir rencontré l’ancien Président de la République Boni Yayi qui les a confiés au feu Professeur Géro Amoussouga à cet effet. L’accusé principal souligne aussi que des dons ont été faits au nom de Boni Yayi.
Pascal Iréné Koupaki s’explique
En qualité de sachant, le Ministre d’Etat Pascal Koupaki est passé à la barre. Il a surtout déploré l’absence d’alerte de la part des renseignements généraux et du système bancaire, alors que le phénomène a duré 4 ans. « Il y a eu beaucoup de failles pour laisser fonctionner une structure de cette nature. Nous avons un problème de renseignements généraux », a-t-il dit. Mais avant, l’ancien ministre de Boni Yayi a du mal à comprendre pourquoi il n’a pu entrer en possession du rapport de la mission du Fmi à ce sujet : « J’ai demandé à la représentation du Fmi à Cotonou. La mission du Fonds qui est arrivée a dit qu’on a dit de ne pas me donner le rapport. Les gens ne donneront jamais de façon précise. Ce que j’observe est que je n’ai pas eu ce rapport ». Pascal Koupaki évoque une supercherie et pose un problème d’éthique, surtout avec des taux de 200%. « La supercherie consiste à prendre des dépôts d’autres personnes pour financer les intérêts. Il y a eu rupture dans la chaine. Quand j’ai eu à rencontrer certaines structures, ils m’ont dit qu’ils ont investi dans certains secteurs », a-t-il ajouté.
Les débats se poursuivent à la Criet à Porto-Novo. La Cour est présidée par Édouard Cyriaque Dossa, Président de la Criet, avec comme accesseurs Tchognon Richard Limoan, Adamou Moussa, Guillaume Lally, Cyprien Tchibozo. Le ministère public est représenté par Ulrich Gilbert Togbonon, Procureur Spécial près la Criet. Maître Oussou Léonce Adjado, Greffier en Chef près la Criet.