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Société

Bénin | Entretien : Christian Akpomey sur les violences faites aux hommes : « Si vous prenez le courage d’aller dénoncer, il n’y a pas de raison qu’on ne vous prenne pas en charge »

Réalisé par Louis Tossavi

Au Bénin, en dehors des violences (physiques, morales, psychologiques, sexuelles…) faites aux femmes et qui font souvent échos dans les communautés, certains hommes subissent aussi la colère de leurs conjointes au foyer pour des raisons diverses. Mais les réalités socioculturelles les obligent à souffrir dans le silence. Nous avons interrogé Christian Akpomey, chargé de sensibilisation dans une structure qui milite pour le respect des droits humains au Bénin. Il aborde les violences basées sur le genre, en particulier le cas des hommes. 

 

 AWR : Que peut-on comprendre par violences basées sur le genre ?

Christian Akpomey : Il faut reconnaitre que le Bénin dans sa législation a fait l’option de violences faites aux femmes plutôt que de violences basées sur le genre. Et quand on dit violences faites aux femmes, la loi les définit comme l’ensemble des actes dirigés contre le sexe féminin qui causent ou qui peuvent causer un préjudice moral, psychologique et physique ou sexuel. Sous ce vocable, la loi a aussi mis l’accent sur les privations arbitraires de liberté, des manquements aux obligations des conjoints ou de toute personne vis-à-vis du sexe féminin.

Lorsqu’on parle de la violence basée sur le genre, c’est un concept qui est beaucoup plus englobant. Au moment où l’Assemblée Nationale votait la loi sur les violences faites aux femmes, au niveau international, c’était une orientation des Nations Unies. Mais par la suite, le concept a évolué et est devenu ‘’violences basées sur le genre’’. Elles englobent toutes les couches vulnérables de la société y compris les ‘’hommes’’, les personnes handicapées, les enfants. Les rapports entre hommes peuvent être frappés du concept de violences basées sur le genre, parce qu’il se trouve qu’il y a des gens qui, compte tenu de leur aisance sociale, de leur rang, sont en position de force par rapport à d’autres hommes. En résumé, le rapport genre est l’ensemble des dispositions ou des rapports qu’il y a entre deux hommes, l’un qui se trouve en position de force et l’autre en position de faiblesse.

Qu’en est-il des violences faites aux hommes ?

Lorsqu’on fait un clin d’œil aux statistiques, on voit qu’il y a plus de femmes victimes de violences conjugales que d’hommes.  Cependant, il n’en demeure pas vrai qu’il y a quelques cas d’hommes ou de conjoints, victimes de violences conjugales qui viennent poser leurs problèmes pour qu’on les assiste. Il faut souligner aussi que nous sommes dans une société où il y a assez de barrières culturelles et  sociologiques. L’homme préfère subir si c’est une violence du côté de sa femme, que de venir  dénoncer ça en public ou auprès d’une instance. Il trouve en cette démarche, une façon de féminisation de sa personnalité, il trouve qu’il serait mal vu.

Est-ce qu’il existe des dispositions légales qui protègent les hommes?

Le Bénin a fait l’option à travers sa constitution de prôner le principe de l’égalité des sexes en droit. Donc à la lumière de cela, et les hommes et les femmes quels que soient leurs statuts, quelles que soient leurs conditions, sont égaux. Le problème qui se pose, c’est quelle est la capacité de chaque catégorie d’acteur, de citoyen à pouvoir jouir de ses droits constitutionnellement garantis. Quand on essaie de répondre à cette question, on constate qu’au sein de la société, il a des couches vulnérables. La loi étant là pour favoriser l’égalité de tous, c’est cela qui amène l’Assemblée Nationale à proposer des textes pour qu’on essaie d’accompagner les plus vulnérables à jouir de leurs droits. C’est ça qui a fait qu’au Bénin par exemple, il y a une loi spécifique qui réprimande les violences faites aux femmes. Cela a fait qu’on a tendance à croire qu’il y a  trop de lois féministes. Mais c’est juste pour accompagner les femmes à avoir les mêmes chances de jouir de leurs droits que les hommes. Maintenant, lorsque nous prenons le cas particulier du mari ou de l’homme, quand on reste dans le cadre familial, le code des personnes et de la famille au Bénin ne distingue pas l’homme de la femme. Il a mis l’accent sur un certain nombre de pratiques sociales rétrogrades pour qu’on ne chosifie pas la femme. Cela ne dénie pas l’égalité de droit à l’homme ou du conjoint dans un couple. Que vous soyez homme ou femme dans le cadre familial, si vous subissez une violence, quelle qu’elle soit et vous prenez le courage d’aller dénoncer auprès des structures compétentes, il n’y a pas de raison qu’on ne vous prenne pas en charge. L’institution auprès de laquelle vous portez plainte a l’obligation de vous assister. Si elle ne le faisait pas, il y a la hiérarchie des recours. Vous pouvez vous référer à une hiérarchie supra selon votre lieu de résidence. Et au nombre de ces voies de recours, on peut citer selon le cas, le chef quartier ou du village, le centre de promotion sociale, la brigade, le commissariat, le procureur, le président du tribunal etc.

Que conseillez-vous  aux hommes qui subissent les violences de la part de leurs femmes et qui n’ont pas le courage de le dénoncer?

Je vais dire à ces hommes qu’il n’y pas de honte à demander réparation pour un préjudice subi. Le Bénin est un Etat de droit et dans cette République, il y a un traitement égal de tous les citoyens. Lorsque vous ne recourez pas à ces instances, vous allez accumuler des frustrations. Quand vous subissez des violences et vous ne réagissez pas, lorsque la femme qui vous fait subir les violences porte plainte, c’est vous qui allez être sanctionnés. Donc nul n’est sensé ignoré la loi et nul ne peut se faire justice. Au nom de ces deux principes, j’invite tout homme à toujours demander réparation s’il estime qu’il a un droit qui est lésé.

Crédit Photo :   DR

 

 

 

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