Jannah Theme License is not validated, Go to the theme options page to validate the license, You need a single license for each domain name.
Société

Bénin | Tradition : L’enterrement du placenta, un rituel consacré d’une grande portée spirituelle !

Louis Tossavi

La mise en terre du placenta et le choix du lieu pour le faire est une pratique qui a cours sur le continent noir, notamment au Bénin. Elle varie d’une aire culturelle à une autre. Après l’accouchement, le placenta expulsé du fœtus cesse d’être un simple organe pour devenir un élément empreint de spiritualité doublé d’une valeur anthropologique.

 

En Afrique et particulièrement au Bénin, l’enterrement du placenta revêt une grande importance et constitue une tradition à laquelle il ne faut déroger. Une cérémonie consacrée, obligatoire qui doit se faire les heures ou les jours qui succèdent la naissance. Selon les croyances traditionnelles, elle renforce l’égrégore de l’enfant et rend son séjour terrestre paisible. Et un placenta mal enterré ou mal enfouillé pourrait avoir des conséquences sur le nouveau-né et la mère. « Pour enterrer le placenta, vous creusez le trou, vous mettez un peu d’eau dedans en signe de paix et de bonheur. Vous prenez un canari cassé et le mettez la face contre le ciel, que vous déposez dans le trou sur des feuilles d’hysope », décrit Dah Sodjo, ministre à la cour royal d’Abomey. En région peulh, c’est plutôt l’endroit où le placenta est enfoui qui préoccupe souvent. « Chez nous, le placenta est enfoui derrière la case de la mère de l’enfant, mais il n’y a pas une cérémonie particulière à faire », fait savoir Oroudjo Goubi. Ce rituel exige du soin et de la rigueur chez les Baatonu, et il faut une personne de confiance pour le faire. « Lorsque vous allez enfouir le placenta au vu et au su des gens, ils peuvent le déterrer pour faire de la sorcellerie ou pour chercher le bonheur », révèle Moumouni Yériam, dignitaire de l’Empire de Nikki dans la région septentrionale du Bénin. Aux dires de Marie Gabrielle Montério, une béninoise vivant au Sénégal, on peut enterrer le placenta au bord de la mer ou le jeter en haute mer. « J’ai un ami, quand sa femme a accouché, il a mis le placenta dans un canari et y a ajouté un litre de miel pour le conserver. C’est là dans sa chambre depuis plusieurs années sans être décomposé », raconte Carmen Sessou, sage-femme d’Etat, intervenant dans une clinique privée à Cotonou.

Le sociologue Achille Sodégla fait observer que la perception sacrée du placenta ne change pas d’une région à une autre. Selon lui, l’opposition entre l’enfant et le placenta qui est le trait d’union entre le fœtus et la mère, participe à la dialectique entre la vie et la mort. « Toute naissance est gémellaire. C’est pour quoi dans nos pratiques, si le placenta ne sort pas, c’est que l’enfant n’est pas encore né », explique-t-il.

Préserver la vie de l’enfant

A en croire Nangbo Hwéhomin Missihoun, prêtresse vodoun, présidente de l’institut d’appui à la modernité des cultes endogènes, le rituel du placenta permet de préserver la vie sur terre de l’enfant. « Le placenta est le sentier entre l’au-delà et la vie sur terre. C’est le canal par lequel une âme est rappelée à la vie. Donc quand le bébé naît et qu’on ne détruit pas ce canal-là, c’est comme s’il est en perpétuelle connexion avec les siens. Donc c’est un risque énorme lorsqu’on ne détruit pas ce canal », a-t-elle fait savoir. Pour abonder dans le même sens, Mariette Boni, agent dans une entreprise de téléphonie mobile de la place indique pour sa part qu’il faut enterrer le placenta comme si c’était un être vivant. « On prend bien soin de ça comme si c’est le nouveau-né qui est représenté. Il ne faut pas jeter comme un déchet », a-t-elle préconisé. Nan Missihoun indique par ailleurs, qu’au-delà de cette vie paisible qu’on souhaite, on veut aussi accélérer le processus de décomposition du placenta.

Autour de l’enfouissement du placenta, il y a un débat qui se mène souvent. Beaucoup ne s’accordent pas sur la personne habilitée à le faire. D’après Marie Gabrielle Montéiro, le rituel est exclusivement dirigé par le père du nouveau-né. Elle précise que l’enfant jusqu’à sa mort ne doit pas connaître avec précision l’endroit où son placenta a été enterré. Le plus important selon Carmen Sessou, c’est de faire en sorte que le bout du cordon ombilical soit bien positionné. « La femme peut faire les rituels autour du placenta. Je connais des gens qui n’accordent pas d’importance au placenta, parce que leurs cultures n’imposent rien en la matière. Ils peuvent donc l’enterrer sans grand soins, mais dans un endroit humidifié », a-t-elle laissé entendre.

Quid des africains dont les enfants sont nés en occident

Interrogée sur ce que devient le placenta une fois l’accouchement terminé pour les africains vivant en Europe, dame Sylviane Bognon une béninoise qui réside en France explique : « Après l’accouchement tu rentres chez toi, on ne te remet rien. En Europe, les gens ne connaissent pas de rituel d’enterrement du placenta. Mais une fois sur ta terre natale, tu peux faire des cérémonies à tes enfants si tu tiens à cela », confie la quinquagénaire dont les deux garçons sont nés en Allemagne.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page