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Culture

Entretien | Littérature : Florent Couao-Zotti au sujet de l’engagement féminin dans l’écriture : « Il y a une manière de percevoir les réalités […] c’est ça qui équilibre les rapports »

Louis Tossavi

La 4e édition du Salon National du Livre (SNL) s’est déroulée au Bénin du 25 au 27 novembre 2022. L’évènement a eu pour thème : « Femme et engagement dans la création littéraire en Afrique francophone ». Pour cette année, le salon a connu la présence de guest stars comme Ken Bugul du Sénégal, Sophie Adonon du Bénin (France) et Germaine Kouméalo Anaté du Togo. Nous avons profité de cette occasion pour interroger le célèbre écrivain béninois, Florent Couao-Zotti qui est par ailleurs Conseiller Technique du Ministre de la Culture du Bénin. Ce dernier a présenté la conférence inaugurale du salon.  Il nous parle dans cet entretien de l’engagement féminin dans la littérature béninoise et africaine.

AWR : D’où vient le choix du thème du salon de cette année ?

Florent Couao-Zotti : On a choisi le thème « femme et engagement dans la création littéraire en Afrique francophone », tout simplement parce qu’on veut donner la parole aux femmes. On sait très bien que pendant longtemps, l’espace littéraire a été investi uniquement par des hommes. Quand les femmes ont commencé à produire des textes de littérature, tout l’univers masculin a senti qu’il y avait quelques singularités à noter dans leurs manières d’accrocher les problèmes, de regarder la réalité et de sentir les choses. Cette impression s’est peu à peu fortifiée avec les différentes dynamiques qui sont observées à l’intérieur de cette littérature. On dit très souvent que selon que vous êtes chasseur ou chassé, l’histoire que vous allez raconter sera teintée de votre propre sensibilité et ne va jamais recouvrir la totalité de la réalité. On veut donc les entendre parler de leurs problèmes, de la manière dont elles perçoivent la réalité qu’on leur a souvent imposée.  Parce que très souvent, on parle à leur place, on dit des choses à leur place. C’est comme l’être humain qui parle à la place des animaux en disant que les animaux n’ont pas l’habitude de sentir les choses comme les hommes.

Or, on n’est pas dans la peau des femmes pour savoir exactement ce qu’elles ressentent. Le fait que ces gens parlent d’eux-mêmes, de leurs problèmes, ça permet de voir qu’il y a une sensibilité qui est spécifique aux femmes, il y a une manière de sentir la femme, il y a une manière de percevoir les réalités. C’est ça qui équilibre un peu les rapports qu’on doit avoir entre hommes et femmes. On a invité des femmes pour les entendre, pour voir comment au niveau de l’écriture, elles arrivent à articuler leurs préoccupations par rapport aux préoccupations de l’ensemble de la société. Ce n’est pas parce qu’elles sont femmes qu’elles ne peuvent pas parler des sujets qui ne sont pas forcément liés à leur statut. C’est pour cela que de cette articulation, nous avons invité dans les panels essentiellement des femmes.

Peut-on avoir une idée de quelques femmes qui ont déjà marqué l’histoire de la littérature au Bénin ?

D’une façon générale, lorsqu’on voit la portion bibliographique féminine, on se rend compte que ce n’est pas d’aujourd’hui que datent ces productions, c’est depuis les années 80. Quand on parle de la première auteure féminine béninoise, c’est Colette Agossou Houéto qui a écrit un recueil de poème. Après, il y a eu la première romancière qui est Gisèle Hountondji. Puis, ont suivi un certain nombre de femmes qui écrivent des textes entre le roman et la nouvelle, les contes etc, comme Adélaïde Fassinou. Une autre génération a émergé. Elles sont vraiment nombreuses à investir le champ littéraire et à produire des textes de littérature, à faire en sorte que leurs voix soient fortes en dépit du fait que cette littérature est toujours dominée par des voix masculines.

Est-il prévu un plan de découverte approfondie de ces femmes après le salon ?

Il y a des œuvres de ces romancières, de ces auteures qui sont déjà dans le programme scolaire. Mais il ne faut pas faire du fétichisme autour des œuvres qui sont inscrites au programme scolaire. Avant que ces œuvres ne soient inscrites, elles existaient et d’ailleurs, aucun écrivain ne reste dans sa chambre pour dire, ‘’je suis en train d’écrire pour le programme scolaire’’. C’est parce-que les livres répondent à certains types de productions littéraires que les pédagogues estiment qu’il faudrait les inscrire au programme. Lorsque vous avez une auteure comme Adélaïde Fassinou à travers « Yèmi » ou « Le miracle de l’amour », et certains de leurs textes sont recommandés, j’estime que c’est déjà une manière de les positionner. La circulation des textes littéraires, ce n’est pas forcément dans les essences académiques. Un texte littéraire, c’est d’abord et avant tout, une œuvre qui vit et qui suit les circuits traditionnels de la diffusion. Quand il est produit, il est envoyé chez les librairies, les bibliothécaires. C’est à eux d’en faire le produit que ses œuvres deviennent. C’est à dire qu’elles sont achetées, elles font l’objet de commentaire. C’est ce qui permet à l’homme lambda de s’en saisir, de s’en approprier pour en faire un outil de développement.

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