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Jérôme Tossavi : « Les mots que j’écris dans mes livres sont  universels »

Avec notre Correspondant Martial Olou

Il est de la nouvelle génération d’écrivains béninois. Il trace son chemin sans tambour ni trompette  et se révèle de plus en plus comme un auteur plein d’avenir. Jérôme Tossavi, à l’état civil, revient dans cet entretien sur sa démarche d’écriture. Bibliothécaire à l’institut français de Cotonou, il évoque également sa participation à l’édition 2020 du grand prix littéraire du président de la République où il a décroché le 1er prix.  Africa World Radio l’a rencontré pour vous.

Africa World Radio : Vous avez décroché en 2020  le  grand prix littéraire du président de la République. Quelle est l’œuvre qui vous a valu cette consécration ?

Jérôme  Tossavi :  J’ai reçu le grand prix littéraire du Bénin édition 2020 dans la catégorie ‘’Théâtre’’ à travers ma pièce ‘’Le chant de la petite horloge’’. C’est un petit récit dramatique qui met au cœur, la précarité de notre existence par ces derniers temps de crise. Crise sanitaire, crise terroriste, crise sécuritaire et tout ce qui va avec.

Cette œuvre raconte l’histoire banale d’une société, une société qui a connu une période d’attentat. C’est-à-dire qu’il y a une petite horloge dans un coin de cette société qui a explosé et qui a tué 10 personnes. Les survivants de cet attentat sont atteints par une phobie. Ils ont peur de tout ce qui traine dans la maison, ils doutent de tout. Dans la foulée, il y a quelqu’un qui a oublié son sac dans lequel il y a quelque chose qui clignote et cela a alarmé toute la maison. Ce qui a donné lieu à une réunion de crise. Il y a comme une urgence à vouloir interroger ce sac. Dans ce sac, c’est une série de questions. Ces survivants, tellement ils sont atteints qu’ils développent une philosophie autour du dehors et du dedans. J’ai donc personnifié le dehors et le dedans. Dans la foulée, les personnages qui agissent sont convaincus qu’ils sont déjà explosés et qu’ils ne vivent plus. Ils se remémorent de ces souvenirs. ‘’Le chant de la petite horloge’’ raconte une société en dépression, nos jours éphémères. Ces derniers temps, nous vivons dans la torpeur, nous vivons dans l’incertitude. J’ai donc voulu parodié ces formes d’incertitudes auxquelles nous sommes assujettis. On parle de virus, d’attentat, de crise politique, etc. C’est comme une nouvelle guerre qui s’annonce à l’échelle planétaire. En tant que dramaturge, j’ai voulu interroger cette thématique par cette caricature que j’en fais.

Pourquoi le « chant de la petite horloge » ?

J’avais voulu démarrer comme un monologue. C’est une pièce iconoclaste. Il n’y avait pas de didascalie, rien. J’ai voulu expérimenter une démarche d’écriture esthétique qui repose sur une forme libre d’écriture à la fois poétique et dramatique. Et c’est ça qui fait l’originalité de cette pièce.

Qu’est-ce qui vous a inspiré cette œuvre ?

En tant que dramaturge, je suis un observateur averti de la société. Je me questionne sur tout ce qui se passe. Les dernières informations que distille la presse nationale et internationale en ce qui concerne les séries de coup d’attentat au Mali, au Burkina-Faso et un peu partout, ont fini par saisir mon attention. Si les gens ont frappé dans ces pays, je me dis que nous ne sommes pas épargnés. Quand je le dis, ce n’est pas que je suis pessimiste. Donc la source d’inspiration, c’est dans l’actualité, aussi bien nationale qu’internationale. J’ai la chance de travailler dans une institution internationale aussi. Les questions sécuritaires, je sais combien ça préoccupe.

Aviez-vous eu la certitude que vous allez remporter ce prix?

Je n’avais pas la certitude. Je n’avais pas écrit la pièce pour le prix, ça fait partir de mon répertoire d’écriture. Mais mon éditeur et moi, avions décidé de la faire postuler. Le Bénin est un pays de talents, je n’étais pas le seul candidat donc je n’avais aucune certitude.

Par contre, quand je vois la configuration du jury, il y a des gens du théâtre. A partir de ce moment, je me suis dit que si ce sont des gens comme  Alougbine Dine qui siègent dans ce jury, eux ils savent la valeur, la portée de l’écriture contemporaine.

Parce que tout le monde n’est pas au même niveau, le théâtre a évolué. Malheureusement, il y a certaines personnes qui continuent toujours à aller à la vielle école. Si c’était un jury neutre, ce n’est pas évident, parce que la forme d’écriture que j’ai exploré à traver « le chant de la petite horloge », ce n’est pas une écriture classique à laquelle on est souvent habitué. Je suis resté un peu dans l’anticonformisme et j’en ai fait une démarche esthétique, qui selon les appréciations du jury, constitue la grande originalité de cette pièce. Mais je ne pouvais pas dire que je partais pour gagner. C’était une compétition et ça a marché.

Avant que cette pièce n’aille au grand prix littéraire du président de la République, c’était déjà passé par le Prix Rfi Théâtre édition 2020 et figurait parmi les 12 pièces finalistes au plan mondial.  Donc ce parcours me prédisposait à une forme de distinction nationale, ce qui a fini par se réaliser.

Quel était votre sentiment à l’annonce de cette nouvelle?

Sentiment de fierté, parce que c’est la première fois que le pays m’honore. Comme je l’ai dit, le jour de la remise, c’est un appel au travail. Le pays me distingue mais dans cette distinction, c’est un appel pressant au travail, à ne pas lâcher. Cette distinction je la prends sous le signe d’engagement. C’est le moment plus que jamais pour moi, et j’en suis conscient, de travailler toujours pour porter haut la littérature béninoise à travers ma modeste personne.

Qu’est-ce qui fait la particularité de votre écriture?

J’écris d’abord pour moi-même. Je suis heureux quand j’écris et je ne me mets pas de protocole. Je mets une part de mon cœur. Les mots que j’écris dans mes livres sont universels. Ce qui n’est pas une qualité à tous les écrivains. C’est ça qui me distingue.

Cette consécration fait également appel à d’autres défis ?

Moi je me focalise sur le travail et quand les gens vous applaudissent, il ne faut pas tomber dans les déviances de l’acclamation. Quand on vous applaudit, c’est pour dire qu’on attend plus de vous. Je vais continuer par travailler pour hisser haut le niveau d’écriture auquel je suis. A travers « le chant de la petite horloge », je suis en train d’installer un concept d’écriture théâtrale qui allie écriture, poésie et drame, mais dans une démarche philosophique. Il y aura une suite de cette démarche qui à la longue fera école. Je m’inscris dans cette démarche d’écriture poétique théâtrale. Ça me demande plus de documentation, plus de lectures. Une pièce de théâtre est faite aussi pour être jouée. Donc j’ai un travail de plateau avec des comédiens pour mieux cerner ce que j’ai dit. Il y aura une tournée avec les élèves et écoliers où je vais expliquer ma démarche. Tout ça rentre dans une médiation qui consolide la carrière d’écrivain que je projette asseoir définitivement.

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