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Société

Sécurité alimentaire et nutrition : Le Bénin se dote d’un agenda de recherche

Louis Tossavi

La 3e édition du forum EPA (Evidence Policy Action) initié par l’Ong ACED (Action pour l’Environnement et le Développement Durable) s’est tenue les 6 et 7 décembre dernier à Cotonou. Au cours de cette rencontre à laquelle ont été associés universitaires et décideurs politiques, l’agenda de recherche sur la sécurité alimentaire et la nutrition au Bénin qui contient une centaine de questions a été lancé.  

 

Après la phase de la consultation pour leur formulation, les 100 (Cent) questions de recherche actuelles et critiques sur la sécurité alimentaire et la nutrition au Bénin ont été dévoilées, ceci sur la base des besoins exprimés par les communautés. L’ensemble de ces questions est regroupé dans un agenda de recherche lancé lors du forum EPA. A cette occasion, Prof Roch Mongbo, enseignant-chercheur à la faculté des sciences agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), et l’une des chevilles ouvrières de la réalisation dudit agenda, est revenu sur le contexte de la réalisation du document, ses objectifs et les résultats obtenus.

En effet, la sécurité alimentaire et la nutrition (SAN) sont des enjeux majeurs de développement au Bénin. Malheureusement, les efforts et investissements pour une meilleure SAN sont fragilisés par les crises environnementales, sanitaires, sécuritaires et même politiques. L’initiative de ACED vise à recueillir les intérêts et besoins en données probantes des acteurs de l’écosystème de la SAN sous forme de questions de recherche, identifier les questions de recherche prioritaires pour lesquels il existe un besoin pressant et critique de réponse.

Un échantillon des questions formulées

100 questions prioritaires ont été retenues en raison de leur pertinence et de leur faisabilité, sur les 277 formulées. Dans les détails, 24 portent sur les systèmes d’approvisionnement alimentaire, 7 abordent l’environnement alimentaire, 14 mettent en exergue le comportement des consommateurs, 26 portent sur l’état nutritionnel, 12 évoquent le commerce et l’investissement dans la SAN et 17 sont relatives à l’environnement politique et institutionnel. Parmi les questions, on peut citer pêle-mêle : « comment s’explique la persistance de la malnutrition dans les localités ayant été objet de plusieurs interventions nutritionnelles ? Quels sont les effets de la transformation du maïs sur la valeur nutritive de chaque sous-produit ? Quelles sont les valeurs nutritives des bouillies enrichies pour les enfants de 6 à 24 mois dans la ville de Cotonou ? Quels sont les facteurs de l’amélioration du dépistage et de la prise en charge de la malnutrition et de la surcharge pondérale des enfants ? Quel est l’impact de l’utilisation prioritaire des céréales dans l’alimentation des enfants sur leur état nutritionnel ? Les aliments locaux sont-ils compétitifs face aux produits importés ? Quels sont les modes de consommation alimentaire compatibles avec le développement durable ? Comment peut-on améliorer l’accessibilité des populations aux protéines animales produites localement ? Quels sont les facteurs de préférence des aliments ? Quelle est l’efficacité des canaux de diffusion d’informations à assurer l’accès des acteurs aux données relatives aux marchés ? », etc.

Développer une campagne de dissémination

Une chose est de poser des questions, mais l’autre est d’y apporter des réponses. L’Ong ACED est bien consciente de cela. « Nous allons voir les questions pour lesquelles il y a déjà des réponses, faire la synthèse nécessaire et engager les acteurs qui sont demandeurs des réponses à ces questions. Nous allons mettre en place un fonds pour commencer par soutenir des travaux de recherche issus de cet agenda. Nous allons développer toute une campagne de dissémination de cet agenda pour susciter l’intérêt des chercheurs ou des institutions de recherche qui ont déjà des ressources et qui veulent mener des activités de recherche », a indiqué Fréjus Thoto, directeur exécutive de l’Ong ACED.

Le représentant du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique dira que la recherche scientifique en tant que pilier de développement économique, requiert une attention particulière et des actions concrètes.

Le directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, a lors de la remise de l’agenda, fait savoir que « La production de données probantes actualisées et fiables, tenant compte des variations du contexte, afin d’informer et d’orienter les interventions est une nécessité, voire une urgence ».

 

QUELQUES INTERVENANTS A L’ISSUE DU LANCEMENT DE L’AGENDA

 

Prof Roch Mongbo/FSA-UAC

‘’A partir de ces réponses, le politique peut élaborer des solutions’’

« Les chercheurs ne trouvent pas de solutions aux problèmes. Ils n’ont pas fonction à résoudre les problèmes. C’est les politiques qui résolvent les problèmes. Les chercheurs ont pour mission de trouver autour d’un problème social qui se pose, les questions pertinentes. Et à partir de ces questions, trouver des réponses. A partir de ces réponses, le politique peut élaborer des solutions. Un problème social est toujours pluriel, multidimensionnel. Le chercheur dans son mode de fonctionnement est disciplinaire. Il n’y a pas de solutions sans coup politique. Toute solution a besoin de coup pour être mise en œuvre. Le chercheur est confortable dans sa position à poser des questions »

Adamou Mama Sambo, Haut-commissaire à la sédentarisation des éleveurs

‘’…Il est important d’avoir le retour de la recherche’’

« La recherche et le développement sont deux manches qu’on peut conjuguer ensemble. Il faudrait qu’on évalue ce que nous faisons à travers les prismes de la recherche pour avoir un certain nombre d’informations précises. Vu notre environnement, il est important d’avoir le retour de la recherche. Mais la recherche action nous intéresse beaucoup plus que la recherche fondamentale. Des questions qui ont été formulées, une bonne partie concerne la question agro-pastorale. La connaissance et l’approfondissement de certains thèmes vont nous permettre de mieux orienter nos actions. C’est ça l’intérêt pour nous en tant que commissaire à la sédentarisation des éleveurs ».

Majoie Géroxie Tohoyessou, Dr en microbiologie et nutrition/FSA-UAC

‘’Mettre désormais les données de nos recherches à la disposition de la population’’

« Ce forum est très important parce qu’on nous parle des données probantes. Nous savons tous que dans la recherche, on fait des recherches et parfois les données ne sont pas exploitables. Donc au terme de ce forum, on verra comment mettre désormais les données de nos recherches à la disposition de la population. C’est une bonne initiative, parce qu’on développe des projets de recherche et finalement les résultats se retrouvent dans les casiers et dans les tiroirs ».

Enoch Achigan Dako, enseignant de génétique et d’amélioration des plantes/ FAS-UAC

‘’…Nous allons puiser désormais nos questions de recherche à partir de cette émanation citoyenne’’

« L’agenda dans 100 questions de recherche est en réalité une émanation de la communauté des utilisateurs, que ce soit les scientifiques, les décideurs, les acteurs sociaux et autres sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Cela nous interpelle en tant que universitaires. Ce serait utile pour nous parce que nous allons puiser désormais nos questions de recherche à partir de cette émanation citoyenne. C’est une feuille de route en quelque sorte dressée par les utilisateurs. Il revient à l’université de s’approprier ces questions de recherche pour les traduire en solutions qui peuvent faire appel à d’autres questions. Nous devons arriver à mettre l’ensemble de ces réponses ensemble pour contribuer à la prise de décisions.

Nous devons les diffuser non seulement au niveau des apprenants, mais également au niveau des autres collègues enseignants, des centres de recherche, auprès de nos bailleurs de fonds et recentrer ces questions comme préoccupations importantes. Après, il faut mobiliser des financements pour pouvoir soutenir la résolution de ces problèmes. L’université fait beaucoup plus de la génération des connaissances, mais traduire les connaissances en innovation, ce n’est pas évident. Nos formes de dissémination d’information ne sont pas classiques. Elles ne sont pas forcément celles du commun des consommateurs ».

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