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Bénin / Arts visuels : Eliane Aïsso au sujet de son œuvre à l’exposition diptyque : « Montrer le lien entre les vivants et les morts »

Réalisation Martial Olou

S’il y a une des œuvres qui suscitent la curiosité des visiteurs de la galerie spéciale au palais de la Marina, c’est bien l’installation intitulée « Ati okuku imolè ». C’est-à-dire « de l’invisible au visible » en langue Yoruba. Africa World Radio a rencontré son auteure, Eliane Aïsso, jeune artiste plasticienne béninoise qui se distingue par la qualité de ses œuvres et la pertinence des thèmes abordés. Elle explique ici le message qu’elle veut faire passer à travers son installation.

 

Africa World Radio : Peut-on avoir une idée sur votre parcours scolaire et universitaire ?

Eliane Aïsso : Je passais en classe de 5e  quand l’école secondaire des métiers d’art a ouvert ses portes au Bénin et mon père m’a inscrite en 2002. 3 ans après, j’ai obtenu un Dtstma (Diplôme de technicien en sciences et métiers d’art) qui équivaut au Baccalauréat. Il fallait que je m’inscrive à l’université et trouver le moyen de rester dans un domaine où je ne vais pas m’éloigner de l’art. Du coup, je me suis inscrite au département d’histoire et d’archéologie de l’université d’Abomey-Calavi, ce qui m’a permis de faire en 3e année l’option « Histoire de l’art ». Plus tard en 2016, j’ai soutenu ma maîtrise sur l’évolution des attributs royaux Nago, ‘’le cas de Kétou’’.

Et après la Maîtrise ?

J’ai eu a participé en 2018 à un concours organisé par le Fresnoy. Le Fresnoy est une école au nord de la France, qui forme dans les arts numériques, la photographie, les arts contemporains en général. J’ai été lauréate de ce concours, ce qui m’a permis de faire 2 ans de formation, sanctionnés par des productions d’œuvres, soit une œuvre par année. Il y a deux œuvres qui ont été réalisées au cours de mes deux années au Fresnoy, dont l’œuvre qui est dans l’exposition diptyque « Art du Bénin d’hier à aujourd’hui« .

Parlez-nous justement de cette œuvre !

C’est une installation qui est intitulée « Ati okuku imolè » en langue Yoruba. C’est-à-dire « de l’invisible au visible« .  L’installation a été faite pour montrer le lien entre les vivants et les morts, le lien du Djôtô qui n’est rien d’autre que la réincarnation. Dans cette installation nous avons 22 « asens » de différentes tailles. Le plus petit est de 12cm et le plus grand est de 1m80. Juste pour dire qu’il n’y a pas d’âge pour mourir. Ces « asens » ont été installés en forme spirale sur un tapis en papier peint en terre cuite. Dans l’installation, les « asens » représentent pour moi les défunts. Pour ce travail, j’ai eu à enregistrer une dizaine de personnes sur leur compréhension de la notion de la réincarnation. J’ai fini par utiliser la voix de 7 personnes qui ont été intégrées.

La moitié de ceux que j’ai enregistrés étaient des personnes qui sont au soir de leur vie, sauf trois qui n’étaient pas en âge de mourir. J’ai eu à synchroniser la lumière qui éclaire l’installation avec la tonalité de la voix. La couleur orangée a été choisie pour l’éclairage de la lumière pour parler un peu plus de l’Afrique, pour parler du coucher du soleil. Parce que, qui parle du coucher du soleil, parle de fin de cycle.

J’utilise d’autres médiums pour pouvoir présenter, pour illustrer mes œuvres. Soit c’est de la photographie, soit c’est de l’installation ou un ensemble de photographies et d’installation. C’est pourquoi nous avons les deux médiums dans cette installation.

Suivant quels critères les personnes interviewées ont été identifiées?

Au début, c’était d’aller dans les centres de santé et les questionner. Mais ce serait difficile d’interroger une personne sur son lit d’hôpital. Je suis venu sur le terrain et j’ai fait quelques enquêtes pour voir si c’était possible. J’ai vu que c’était compliqué. Alors, je me suis renseignée pour savoir déjà chez moi au village, je peux interroger des personnes du 3e âge (déjà fatiguées). De ceux que j’ai enregistrés dans mon village, il y a 2 qui ne vivent plus. Ils étaient en vie jusqu’à ce que je ne monte l’installation.

Mon souhait a toujours été que cette œuvre arrive au Bénin un jour pour être présentée. Ça me tenait à cœur et Dieu merci j’ai eu cette chance.

Comment le choix de cette installation a été fait pour cette exposition?

Je ne saurais vraiment répondre à cette question. Mais pour le peu que j’ai entendu de la part de la directrice artistique de la galerie nationale, c’est parce que l’œuvre a beaucoup plus un lien avec le retour des 26 trésors royaux. Et parmi ces 26 œuvres, il y a des « asens » qui sont de retour. C’est pour cela qu’ils se sont vraiment accrochés à cette œuvre. C’est vrai qu’il y a eu des hésitations, mais ils ont insisté pour que l’œuvre soit présente.

Cette œuvre a-t-elle été déjà exposée dans d’autres pays ?

L’œuvre a été déjà exposée ailleurs. A la fin de chaque année au Fresnoy, quand on finit de produire les œuvres, on les présente à une exposition qui est organisée dans l’enceinte de l’école. Donc l’œuvre a été déjà présentée au Nord de la France à Tourcoing en 2019. Après, elle a été présentée à Paris en 2021 à la Villette. C’est notre 4e exposition avec l’œuvre. Les gens ont voulu savoir pourquoi il y a 22 « asens » dans l’installation et j’ai expliqué que 22 forme 4, c’est-à-dire les 4 éléments de l’univers (L’eau, le feu, l’air, terre). Il n’y a donc pas de hasard.

L’œuvre va-t-elle rester au Bénin après l’exposition ?

Après l’exposition, l’œuvre va repartir au Fresnoy et me reviendra après. Dans le cadre de notre formation dans cette école, quand tu réalises une œuvre, elle reste dans le patrimoine de l’école pour 2 ans. Durant ces 2 ans, l’école l’entretient, la diffuse. Après les 2 ans, l’œuvre repart chez l’artiste et c’est lui-même qui en prend soin. Mais quand il y aura d’autres expositions ailleurs, ce sera toujours en collaboration avec l’école.

Souhaiteriez-vous céder cette œuvre à un collectionneur contre un chèque ?

Ce serait l’idéal parce que c’est une œuvre muséale. L’idée même derrière, c’est pour que ça soit une œuvre qui reste carrément dans les musées et non dans les caisses.

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