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Bénin | Covid-19 : Cet ouragan qui a bouleversé l’univers artistique et culturel

Avec notre correspondant, Martial Olou

La pandémie de la Covid-19 a frappé de plein fouet presque tous les secteurs de la vie, laissant derrière d’énormes conséquences. Au Bénin, afin de freiner la progression du virus, le gouvernement a suspendu depuis plusieurs mois, toutes les manifestations culturelles. Une décision qui a littéralement bouleversé l’univers artistique et culturel. Artistes, promoteurs culturels, managers, présentateurs d’évènements, gérants  d’espaces et autres se retrouvent au chômage et déjà les voix s’élèvent.

C’est à l’occasion de sa séance du 1er septembre 2021, que le conseil des ministres a décidé de suspendre les évènements et manifestations à caractère culturel, festif, sportif et religieux sur toute l’étendue du territoire. Une mesure qui,  selon les autorités béninoises, vise à limiter la propagation de la pandémie liée au coronavirus. Un arrêté interministériel viendra appuyer la décision prise par l’exécutif. Dans la pratique, les acteurs culturels semblent être  les  plus touchés. Agendas modifiés, concerts annulés, pas de prestations encore moins de cachets. Désormais, pour subvenir à leurs besoins et survivre les artistes doivent se battre.

Dans leurs rangs, nombreux sont ceux qui subissent les affres de la pandémie. Ils sont parfois obligés de solliciter des aides çà et Ià pour joindre les deux bouts et arrondir les fins de mois. « La  rentrée des classes a été difficile, douloureuse. Nous sommes en décembre et on se demande comment  les fêtes de fin d’année vont se passer », s’inquiète Gildas Lantonkpodé, secrétaire  général du syndicat national des acteurs culturels du Bénin (Synacub). Le comédien Pierre Zinko, connu sous le vocable  ‘’éléphant mouillé’’ renchérit et   s’indigne. « Nous avons beaucoup de  problèmes. On n’a pas de salaire. Notre salaire c’est sur les concerts, les  spectacles, dans les bars. L’école a repris depuis des mois, mais nous avons des difficultés pour payer la scolarité à nos enfants. Nous avons des difficultés à payer le loyer. Franchement, nous n’en pouvons plus. Ce n’est plus la Covid qui nous tue, c’est la faim.  Laissez-nous  retrouver la scène et nos espaces d’animation. C’est de ça nous vivons», a-t-il laissé entendre.

L’écosystème artistique fragilisé

A cause de la crise et pour se conformer à la décision des autorités, certains centres culturels ont dû fermer leurs portes ou simplement mettre un terme à toute activité. Conséquence, des contrats de plusieurs employés ont été rompus. Pour ce responsable d’un centre qui a requis l’anonymat, n’ayant plus les moyens de régler ses collaborateurs, il a opté à contrecoeur de se séparer de la plupart.

Certes la majorité des acteurs du secteur peinent à s’en sortir, mais quelques-uns parviennent à tenir le coup. C’est le cas de la directrice de l’espace artistique et culturel ‘’le centre’’ qui malgré les difficultés, a pu conserver son équipe. «Le  centre comme tous les espaces culturels a traversé des périodes très difficiles. Je ne dis pas que c’est mieux aujourd’hui. On essaie de sortir la tête haute du mieux qu’on peut. Mais c’est extrêmement complexe et comme toute structure, nous cherchons activement des fonds pour pouvoir poursuivre nos activités de manière qualitative. On a de plein fouet subi cette période difficile de mobilisation de fonds. Ce qui a généré moins d’activités, la fermeture des portes pendant quelques semaines », fait  savoir Marion Hamard. « C’est véritablement une catastrophe et il est difficile à l’heure actuelle d’imaginer la suite », a-t-elle  poursuivi.

Cependant, contrairement à d’autres, ‘’Le Centre’’ a  maintenu son équipe et assuré le salaire de ses employés, et ceci grâce aux appuis extérieurs. « On a la chance d’avoir une relation de confiance avec nos mécènes qui ne nous ont pas abandonnés pendant la période de Covid. On a pu continuer à maintenir cette équipe. C’est une chance, beaucoup de lieux n’ont pas eu ce privilège », se réjouit Marion Hamard  qui insiste sur le fait  que cette crise ne frappe pas que le Bénin, encore moins le secteur culturel.

Alléger  les mesures pour une reprise des activités

A en croire le secrétaire général du Synacub, il y a du ‘’deux poids deux mesures’’ dans la décision prise par les autorités. Et pour cause, pendant que l’on interdit la tenue des concerts, certaines compétitions sportives se déroulent dans le pays. Il en veut pour preuve, les dernières rencontres des éliminatoires de la coupe du monde 2022, où des milliers de supporters ont pu avoir accès au stade pour soutenir l’équipe nationale. Sans oublier bien sûr le championnat national de football en cours. « Il est important de considérer la situation en place et de revoir la donne. Nous sommes conscients du mal, nous sommes d’accord pour les dispositions parce que c’est pour notre bien-être. Mais  c’est important d’alléger les mesures comme ça a été fait par le passé. Que  les artistes reprennent leurs activités avec un suivi », plaide Gildas Lantonkpodé. Le vice-président de l’association des animateurs et présentateurs  du Bénin (Aap-Bénin)  s’inscrit aussi dans la même logique et  appuie. « Je voudrais demander au chef de l’Etat et au Ministre de la Culture de penser aux artistes, aux acteurs culturels qui ont besoin d’être en activité. D’avoir un regard d’amour et de compassion à  l’endroit de cette frange de la population qui souffre énormément des restrictions », a lâché Carlos Symphorien Cossi.

Pour sa part, Guy Wokou, président  de l’association des promoteurs culturels et artistes du Bénin (Aprocab) fait savoir que la majorité de leurs membres s’est déjà doté du pass vaccinal et ils promettent de poursuivre la sensibilisation pour amener les uns et les autres à en comprendre la nécessité. « Nous allons veiller au grain pour que les mesures barrières continuent d’être respectées », a-t-il promis.

Solidaires pour vaincre

Face à cette situation, il est important pour les acteurs culturels toute catégorie, de s’exprimer d’une même voix pour amener les autorités à agir en urgence afin d’éviter le pire. C’est l’avis de Patrice Bédié, présentateur d’évènements et membre de l’Aap-Bénin. « Je voudrais appeler tous les acteurs culturels à la solidarité. Qu’on parle la même voix. Les gens ont faim et il y a des problèmes dans les foyers »,  a-t-il souligné.

Pour l’heure, les restrictions sont toujours en vigueur au Bénin. Les acteurs culturels espèrent et attendent avec impatience qu’elles soient levées. D’ailleurs, des promoteurs n’ont pas attendu que ces mesures soient levées avant de programmer des concerts pour ce mois de décembre à Cotonou. Mais rien n’est sûr.

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