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Politique

Retour au pays de Blaise Compaoré : Des Burkinabé dénoncent une déviance de l’autorité judiciaire

AWR

Paul Henri Sandaogo Damiba, actuel président de la République du Burkina Faso a, à nouveau échangé le 8 juillet 2022 avec ses prédécesseurs dont Blaise Compaoré, revenu au pays la veille de cette rencontre au sommet de l’Etat. Mais le fait que ce dernier ne soit pas arrêté malgré qu’il soit condamné par contumace le 6 avril dernier à la prison à vie, est un coup porté à l’exécution de la décision de justice selon les Burkinabés.

Arrivé à Ouagadougou le 7 juillet 2022, l’ancien chef d’Etat Burkinabé Blaise Compaoré qui vivait jusque-là en exil en Côte d’Ivoire depuis qu’il a été chassé du pouvoir en 2014 à la suite d’une insurrection populaire, a été reçu le lendemain 8 juillet par le chef de la junte militaire Paul Henri Sandoago Damiba.  « Une rencontre initiée dans le but d’accélérer la question de la réconciliation mais aussi de mutualiser les énergies pour sauvegarder ce qu’il y a de plus précieux, c’est à dire l’existence de notre terre le Burkina Faso et la solidarité pour lutter contre la tragédie qui nous frappe mais aussi réduire les fractures internes », avait précisé Lionel Bilgo, porte-parole du gouvernement burkinabé les jours précédents cette audience.

Cette initiative n’a pas manqué de  susciter des commentaires et des critiques au pays des hommes intègres, et même au-delà. Des critiques qui soulèvent la nécessité de faire respecter les décisions de justice.

En effet, beaucoup de Burkinabés n’acceptent pas que Blaise Compaoré revienne au pays sans être arrêté, vu qu’il a été condamné à la prison à perpétuité à l’issue du procès de l’assassinat de Thomas Sankara.

Me Ambroise Ségui Farama, avocat des parties civiles dans ce dossier pense que force doit rester à la loi. «Blaise Compaoré ne peut pas venir s’entretenir avec les autorités au vu et au su des officiers de police judiciaire, du parquet et tous ceux qui sont chargés de prêter main-forte aux autorités pour l’exécution de la décision de justice, sans que cette décision ne soit exécutée. On ne peut pas rendre une décision de justice et venir la fouler aussi facilement. C’est une défiance et même un mépris vis-à-vis de l’autorité judiciaire. C’est la faillite de notre système judiciaire», s’est-il indigné.

Au sein de la société civile Burkinabè, les réactions ne manquent pas non plus. Souleymane Ouedraogo, membre de la coordination nationale du « Balai Citoyen » trouve inacceptable que l’ancien président ne puisse pas purger sa peine.

Pour celui-ci, son retour risque de fragmenter encore un peu plus le pays. « C’est un scénario pitoyable auquel nous sommes en train d’assister, qui remet en question tout ce qu’on a construit depuis 8 ans pour faire en sorte que l’Etat de droit prenne racine au Burkina Faso. Désormais la justice est discréditée. Ça va créer davantage de division au sein de la société Burkinabé. La réconciliation nationale ne se décrète pas, elle ne s’impose pas. Elle doit suivre un processus», martèle ce dernier.

Contrairement à ces deux, Me Pierre-Olivier Sur, l’un des avocats de Blaise Compaoré pense que la condamnation de son client ne doit pas au contraire faire obstacle à l’apaisement du pays. « On est dans l’histoire, l’écriture de la grande histoire. Cette histoire passe aujourd’hui par une réconciliation nationale et le droit suivra. J’ai toujours indiqué que cette décision de justice relevait d’une décision non écrite. Elle a été interrompue par un coup d’Etat, par une Constitution qui a été elle-même suspendue. Ce n’est pas une décision de justice qui se fonde sur un bloc juridique, le droit positif. Et d’ailleurs, nous n’en avons pas fait appel et nous ne l’avons pas déféré aux différentes juridictions internationales. Ce n’est pas la décision de justice qui compte. C’est le moment de réconciliation qui au contraire s’impose», a-t-il répliqué.

L’ancien militaire qui a passé 27 ans au pouvoir n’était pas le seul à être invité par le lieutenant-colonel Damiba. Tous les autres anciens présidents ont été conviés à cette rencontre, mais deux ont répondu à l’appel, à savoir Blaise Compaoré et Jean-Baptiste Ouedraogo. A l’issue de l’audience, le chef de la junte militaire a dans une déclaration, évoqué les raisons de ces absences remarquées.

 

DECLARATION DE PAUL HENRI DAMIBA A LA FIN DE LA RENCONTRE

Transcription : Louis Tossavi

« L’initiative de la rencontre avec leurs Excellences les anciens chefs d’Etat poursuit un et unique objectif qui est la recherche de la cohésion sociale ; au regard de la situation difficile que traverse notre chère patrie le Burkina Faso. En plus des efforts qui sont fournis par les forces engagées et l’ensemble des populations contre le terrorisme, il nous est paru opportun d’examiner avec mes prédécesseurs les meilleures conditions qui pourront créer et forger une solide cohésion entre Burkinabé. Toute chose qui contribuera à renforcer et démultiplier nos chances de succès dans la lutte contre l’insécurité qui menace les fondements de notre cher pays.

Beaucoup de communications partisanes ont voulu dénaturer le sens et la portée de cette initiative. L’urgence de la préservation de l’existence de notre patrie commande une synergie d’actions qui ne nous autorise pas à nous donner le luxe de perdre le moindre temps dans la polémique.

Cette rencontre au sommet tenue sur la terre de nos ancêtres et nulle part ailleurs, a porté principalement sur la recherche d’une paix durable pour notre pays. Nous avons ainsi à l’occasion, formulé à l’endroit de nos prédécesseurs aux plus hautes fonctions de l’Etat, le profond vœu de les voir se mettre au-dessus de la mêlée pour mieux incarner les idéaux de l’ensemble de la Nation. Nous avons invité à cette rencontre, leurs Excellences, Jean-Baptiste Ouedraogo, Blaise Compaoré, Michel Kafando, Yacouba Isaac Zida et Roch Marc Christian Kaboré.

Pour des raisons de santé, le président Michel Kafando n’a pas pu participer. De même, le président Yacouba Isaac Zida n’a pas pu faire le déplacement pour des raisons administratives. Le président Kaboré a quant à lui été physiquement empêché par un groupe d’individus de participer à la rencontre. Nous avons pris acte et nous l’invitons à ne pas se mettre en marge de la démarche en cours.

Aux Burkinabés qui se sont exprimés en défaveur de notre démarche, nous leur disons que le processus n’est pas fait pour consacrer l’impunité, mais pour contribuer à la recherche de solutions pour un Burkina Faso de paix et de cohésion. Nous les appelons à mettre l’intérêt supérieur de la Nation au-dessus de toute considération politique ou partisane. Je saisis l’occasion pour transmettre au nom de leurs Excellences les anciens chefs d’Etat et à mon nom propre, au président Michel Kafando qui nous a fait parvenir un message de soutien, nos vœux de prompte guérison. A nos aînés qui ont pris part à cette concertation d’intérêt national, nous réitérons toutes nos gratitudes pour l’effort consenti.

Nous sommes convaincus que c’est seulement dans la cohésion sociale et dans l’unité que les forces qui combattent en ce moment même le terrorisme seront davantage déterminées et auront plus de succès. Des dispositions sont d’ores et déjà prises pour poursuivre en bilatéral les concertations avec les anciens chefs d’Etat qui n’ont pas pu participer à la présente rencontre, et pour limiter également les résistances politiques, associatives ou toute autre, contraire à la dynamique de rechercher d’alternatives complémentaires pour la stabilisation du pays.

Que Dieu et les mânes de nos ancêtres bénissent le Burkina Faso. Pour la patrie, nous vaincrons ensemble ».

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