Cinéma : « Les Inséparables », un film qui sensibilise sur le phénomène ‘’des enfants placés’’

Le 5 Août dernier, dans un espace de promotion des arts et de divertissement d’une localité située à quelques kilomètres de Cotonou, a été projeté le film « Les Inséparables » fruit de la collaboration entre la réalisatrice et scénariste béninoise Christiane Chabi Koa et de la française Christine Dory. Une œuvre cinématographique construite autour de la problématique du phénomène ‘’de placement d’enfants’’ ou ‘’enfants vendus’’. Nous avons tendu le micro à Salinas Hinkati, l’un des organisateurs de cette soirée de projection, afin de cerner les motivations dernières le choix porté sur ce film.

AWR : Qu’est-ce qui vous a motivé  à choisir ce film ?

Salinas Hinkati : La période de vacances a été l’une des raisons et nous avons préféré montrer aux béninois et aux vacanciers en général, des productions de notre pays. Nous avons choisi cette période, parce qu’on sait qu’il y aura un peu plus de monde.

« Les inséparables », ce sont deux enfants, un frère et une sœur qui ont été obligés de se séparer de leurs parents pour aller en ville. Ils ont été contraints de quitter leur village pour Cotonou, dans le but de pouvoir aider leurs parents. Une fois en ville, rien ne se passe comme imaginé. On a vu ces enfants très vite dévier. Le garçon a sombré dans la consommation de la drogue et l’usage de la cigarette. Ce dernier qui était promis à un avenir meilleur s’est écarté de son projet de vie. Il voulait être instituteur. La fille a été obligée de se prostituer parce qu’elle n’avait plus d’autre choix. Leur mère s’est mise à leur recherche et les a finalement retrouvés. Nous avons vu comment ça a été difficile de ramener ces enfants notamment le garçon, qui a dû reprendre l’école.

Nous avons commencé ce programme il y a un peu plus d’un an et nous projetons majoritairement des films africains. On a réservé la part belle aux élèves et écoliers pendant ces vacances. En juillet, nous avons eu droit au film « la canne du roi » du réalisateur Reillinght Tchobo. Cette fois-ci, c’est le film « les inséparables » de Christiane Chabi Kao et Christine Dory qui a été proposé. Cette œuvre a été choisie pour cet effort de qualité que nous avons constaté. C’est un film qui date de 2007 et qui est projeté en 2022. Le plus important pour nous, c’est de faire comprendre aux cinéphiles qu’il y a aussi de la qualité chez nous.

L’autre chose, c’est qu’on fait l’effort de diversifier les thématiques des films projetés. Par exemple, le mois passé, c’était l’héroïcité des rois, de la reine Tassin Hangbé qui avait été mis en exergue. Ce mois, on a voulu mettre le doigt sur le phénomène des enfants placés pour montrer aux cinéphiles que lorsque les enfants ne sont pas à côté de leurs parents, notamment de leurs mères, ils peuvent dévier par la suite.

Quelle leçon retenir de ce film ?

La leçon a tirée de ce film, c’est que ce phénomène d’enfants placé n’est pas bon. Même si les parents n’ont pas de gros moyens, que les enfants fassent avec. Parce-que ceux chez qui ils iront, on ne sait pas toujours s’ils ont de bonnes intentions envers eux. On ne sait pas s’ils vont les traiter comme leurs propres enfants. Les parents, même dans la misère n’ont qu’à s’occuper de leurs enfants. C’est toujours mieux.

Quelle est votre appréciation de la participation des enfants à la soirée ?

Depuis fort longtemps, nous avons constaté que le cinéma n’existe presque plus. Ce qui existe, c’est qu’on est à la maison face à nos écrans. Mais aujourd’hui, on est en train de les ramener vers le grand écran même si c’est en plein air. On est en train de leur montrer que venir au cinéma avec ses amis, a une différence qu’on ne perçoit pas quand on est à la maison. C’est-à-dire, le fait d’être dans le cercle familial ne nous permet pas de toujours d’appréhender tous les contours d’un film. Notre objectif, c’est de raviver la flamme du cinéma dans la localité. Il y a au minimum, cent (100)  cinéphiles à chaque projection. On peut dire que notre objectif est atteint.