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Société

Bénin | Assises nationales sur la croissance démographie : La crainte de la limitation des naissances fait polémique

Louis Tossavi

Au Bénin le gouvernement prévoit la tenue des assises nationales sur la croissance démographique en septembre prochain. Selon les autorités, il s’agira au cours de cette rencontre, de réfléchir de concert avec les différentes couches de la société et trouver des réponses adaptées à l’accélération de la croissance démographique. Mais au sein de la population, des débats se mènent autour de l’opportunité de cette initiative avec des avis tranchés.

 

Lors du Conseil des Ministres du 03 Mai 2023, le gouvernement du Bénin a annoncé au titre des communications, la tenue au mois de septembre des assises nationales sur la croissance démographique et le développement. Selon l’exécutif, la croissance démographique du Bénin figure parmi les plus élevées au plan régional et même international. Et cela continue d’inhiber les efforts de réduction sensible de la pauvreté pour favoriser l’émergence économique. Il paraît donc déterminant d’envisager un réajustement des paradigmes en vue d’asseoir de bonnes bases pour concilier l’ambition de bien-être partagé et le désir de procréation.

D’après le gouvernement béninois, il s’agira au cours de ces assises nationales, de mener des débats pour identifier les facteurs favorisant la forte fécondité au Bénin et les limites des réponses utilisées jusque-là pour maitriser la dynamique démographique; d’évaluer les conséquences de la croissance démographique sur la demande des biens et services sociaux, et leur implication sur les dépenses publiques ; de proposer l’indice systémique de fécondité qui optimale qui garantit l’équilibre d’investissements dans les secteurs productifs et sociaux, de proposer des mesures innovantes et vigoureuses visant l’accélération de la transition démographique et favorisant durablement le respect et le maintien de l’indice systémique de fécondité optimale.

Donner une qualité de vie à chacun

Ces futures assises sur la démographie font couler beaucoup d’encres. Lors de sa discussion hebdomadaire avec la presse en ligne le 12 mai dernier, le Secrétaire Général adjoint et porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Léandre Houngbédji a été interrogé sur la question. D’après lui, de 1979 à 2023 le Bénin a connu un accroissement démographique de plus 100% et cela justifie l’intention de l’exécutif. « …certains pays qui ont un niveau de vie donné que nous apprécions, ont réussi à contenir leur dynamique de population dans des proportions qui permettent que les ressources du pays adressent les besoins de l’ensemble de la population et donnent un minimum de qualité de vie à tout un chacun », a-t-il laissé entendre. Dans les rues de Cotonou, d’Abomey-Calavi et envions, les positions sont très tranchées.

Pour certains, il n’est pas question d’envisager une éventuelle limitation des naissances. Pour d’autres, c’est une bonne approche.  « Je suis d’accord qu’on limite. Le Bénin est déjà trop rempli. L’idéal moi je pense que c’est deux ou trois enfants », estime cette fonctionnaire d’une structure privée de la place. Brunel Hounkanrin, économiste en fin de formation approuve l’initiative. « C’est une bonne approche qui peut participer au développement du pays. Elle permettra sûrement de s’occuper de l’exploitation de la main d’œuvre existante », a-t-il déclaré. Sila Dandohoundé apprécie l’organisation des assises nationales sur la croissance démographiques et le développement du Bénin.  Elle trouve que c’est une bonne chose, parce que cela réduira le taux de chômage dans le pays.

Ne pas adopter des mesures à l’occidentale

Un citoyen qui a requis l’anonymat dit ne pas être du tout de cet avis avec cette proposition du gouvernement béninois. « Moi j’ai 12 enfants, mais je n’ai pas fini de faire. Je dois aller jusqu’à 30-34 enfants. Même si je n’ai pas les moyens, ils ne manqueront de rien », fait-il savoir. Marie Rose, étudiante en droit à l’Université d’Abomey-Calavi estime que c’est du suivisme de l’occident que de chercher à limiter les naissances. Selon elle, le taux de naissance n’est pas à l’origine du sous-développement mais plutôt le chômage. « Limiter le nombre d’enfants suppose la baisse des ressources humaines. Et sans main-d’œuvre, ce développement connaîtra un coup », poursuit-elle. L’enseignant et écrivain Ghislain Viatonou dira que ce n’est pas parce que la Chine a adopté cette politique qu’il faut faire de même au Bénin.  « La cause du sous-développement de ce pays est loin d’être la croissance démographique. Il faut sensibiliser la population surtout dans les zones rurales, sur les conséquences que peut avoir une croissance démographique non maîtrisée ou contrôlée sur le développement du pays, plutôt que de donner une limite à ne pas franchir », a-t-il proposé.

Mais le porte-parole du gouvernement béninois jure qu’il n’a jamais été question de limitation de naissance. « Depuis que le gouvernement a annoncé ces assises, à aucun moment dans ses éléments de langage, on n’a employé le terme « limitation des naissances ». Il s’est fait que très vite, certains ont embouché la trompette de la limitation pour essayer de dévier le débat, de le polluer. Or, ce n’est pas de cela qu’il est question », a-t-il fait comprendre », a-t-il clarifié.

Face à ces commentaires tous azimuts, Albert Tingbé. Azalou, professeur émérite du département de Sociologie Anthropologie de l’université d’Abomey-Calavi, pense qu’il faut ouvrir le débat, mais pas avec des résultats déjà pré établis. « Nous devons tout faire pour éviter l’occidentalisation dans tous les cas. Le développement n’est pas synonyme de croissance. Je ne dis pas que le développement de l’Afrique doit se faire en valse clos. Il faut un accord endogène et exogène, par rapport aux conditions actuelles de vie et aux conditions futures d’existence », suggère ce dernier.

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