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Santé

Bénin | Reproduction : Dr Serge Kitihoun à propos de l’adoption du décret d’application de la loi sur l’IVG au Bénin : « Ce n’est pas promouvoir l’avortement, mais on est en train de sauver la vie »

Réalisation : Louis Tossavi

Il y a quelques semaines, l’exécutif a adopté le décret d’application de la loi modifiée portant sur l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) en République du Bénin. Après la prise de cet important acte, nous avons interrogé Dr Serge Kitihoun, Directeur des Services Médicaux (DSM) à l’Association Béninoise pour la Promotion de la Famille (ABPF). Il nous parle ici de la pertinence de cette mesure et ce qu’elle vient changer dans l’autorisation d’avorter.  

 

AWR : Le décret qui fixe les conditions de l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) au Bénin a été récemment adopté. Quelle appréciation faites-vous de cette décision ?

Dr Serge Kitihoun : Comme l’a dit un ancien président, le Bénin ne finit jamais d’étonner. Nous avons fait des avancées formidables, cela devient une leçon historique aux yeux de tous les pays africains. Parce que, il y a environ trois (03) ans, qui l’aurait cru que nous allons modifier la loi de mars 2003 en une loi plus flexible qui permet aux praticiens d’exercer librement. Nous étions la peur au cœur obligés de rendre ce service aux femmes et aux filles. Aujourd’hui, je pense que cette peur est dissipée et même les femmes peuvent tranquillement venir à la clinique solliciter le service ; pourvu qu’elles remplissent les conditions qui sont prescrites par la loi.

Qu’est-ce que ce décret vient changer dans l’autorisation d’avorter ?

La loi dans son esprit améliore les conditions d’accès au service d’IVG. Avant, nous avions seulement trois (03) conditions. Lorsque la grossesse que la femme porte devient un problème pour sa santé, lorsque le fœtus qu’elle porte est à l’étape de malformation, lorsque la grossesse est le fruit d’une relation sexuelle entre parents proches ou bien d’un viol. Mais aujourd’hui, il y a d’autres conditions qui se sont ajoutées. A savoir ; lorsque par exemple la grossesse peut créer des détresses professionnelles, matérielles, éducationnelles ou morales à la femme. C’est surtout celles-là que nous rencontrons souvent. Des étudiantes ou élèves qui viennent, ou une femme qui travaille et qui ne doit pas concevoir avant deux (02) ans et qui tombent enceinte, ou bien cette grossesse lui pose de traumatisme, elle n’a pas les moyens, ça devient un souci pour elle. Ce sont ces cas que nous recevons le plus fréquemment.

Voilà que la loi de 2003 n’a précisé aucun de ces cas, de sorte qu’on est obligé soit d’interpréter autrement leurs demandes, soit de tout faire pour éviter d’offrir le service. Aujourd’hui, c’est chose faisable et on ne peut que remercier le chef de l’Etat pour avoir eu ce courage, ses ministres pour lui avoir fait cette proposition d’améliorer les conditions des femmes et des filles, et les députés pour avoir accompagné le gouvernement. C’est vrai qu’il reste des choses à parfaire dans cette loi. Sous d’autres cieux, on a moins de contrainte pour offrir ce service. Je pense que nous sommes sur la bonne voie et progressivement, nous allons davantage améliorer les conditions d’accès aux services d’interruption de grossesse. Nous sommes contents que cette loi ait été votée et qu’enfin le décret d’application soit adopté.

A la lecture, l’idée c’est qu’on veut considérablement lutter contre les avortements clandestins. Qu’en dites-vous ?

Evidemment oui. Si vous voyez les statistiques relatives aux décès maternels, nous sommes à des centaines par an et les avortements à risque représentent 15%. Celles qui s’adonnent aux avortements à risque, ce sont généralement les pauvres qui n’ont pas les moyens. Elles sont prêtes à mourir à n’importe quel prix, inconsciemment justement. Elles s’adonnent à cette pratique avec des gens qui ne sont pas qualifiés pour offrir le service. C’est vraiment important de réduire ce taux de décès maternel dû aux avortements à risque. En faisant ainsi, ce n’est pas qu’on est en train de promouvoir l’avortement. Mais plutôt on est en train de sauver la vie de nos sœurs, de nos femmes, de nos filles.

On ne peut pas arrêter l’avortement en gardant des lois telles qu’elles étaient. En promulguant cette loi et en signant ce décret, le chef de l’Etat n’a fait que contribuer au bien-être des populations. Je crois que c’est louable. Nous allons en faire un bon usage, respecter toutes les conditions que la loi nous impose.

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